
Marcher, c'est mettre un pied devant l'autre......
C'est par ce geste simple primaire que tout a commencé un beau matin de Mai.
Plein d'espoir et de rêves, nous avons franchis tous les trois (Christiane, Claudine et moi) l'arche de l'hôpital des pèlerins à Pons. Vous y verrez sculpté dans le bois notre destination!! Saint Jacques de Compostelle, distance 1200 km. De voir notre but affiché la, sous nos yeux, dés le départ nous donnait l'impression d'être déjà arrivé, c'était comme ci à l'horizon se détachaient les tours et clochers baroques du tombeau de l' Apôtre à Santiago. Ultréia, nous arrivons
L' impression était trompeuse......
Nous n'étions à ce moment que des marcheurs de pacotille, des marcheurs juste nés qui avions tout à apprendre à comprendre. Dés le premier jour la leçon fut rude mais salvatrice, 32 km chargés comme des baudets, la pluie nous rejoignant à la mi journée, nous nous écroulions le soir, dans notre bungalow humide. Un ami vint à la rescousse et nous nous débarrassons de notre surplus de poids, sans état

Nous emportions trop de notre civilisation avec nous, trop d'éléments de confort, de superflus, trop de choses de notre monde moderne que nous avions décidé de quitter pour nous mettre entre parenthèses le temps de faire le Chemin. Notre initiation pouvait commencer, on se levait tôt et on se couchait tôt, quoi de plus sensé! Nous avons souffert des maux du marcheur, tendinites et ampoules, la pluie nous a accompagné une bonne partie du chemin à travers les Landes, mais petit à petit nous nous immergions dans notre voyage qui s'intérieurisait, le rythme s'imposait et dictait nos journées. Pas après pas, sans s'en rendre compte nous avancions. Passé Bordeaux nous étions en "Terra Incognita", des paysages non familiers se déroulaient devant nous, finalement nous arrivons à Dax.
Dax!!! Qui aurait dit qu'un jour nous arriverions jusque la à pied! Pour nous ce fut un étonnement, surpris d'être arrivés la, sans s'en rendre compte. Calfeutrés mais au sec (il pleuvait dru et froid) nous nous réfugions dans une laverie du centre ville pour faire une grande lessive. Ainsi nous étions devenus des marcheurs, un fumet de vagabondage nous collait de trop près!
Marcheurs

Après trois semaines de marche, notre tête se remplit de souvenirs, nous étions comme des éponges qui absorbions les anecdotes, ces personnes qui nous ont aidés ,tous ces petits gestes et attentions qui nous redonnent foi en l'humanité, une foi souvent ébranlée par tout ce que l'on peut voir aux journaux télévisés. Cela tombe bien car nous ne regardons plus la télé! Coupés du monde, cela aussi fait parti du Chemin, se débarrasser de toutes ces influences extérieures, marcher pour nous même, et aussi, cela n'est pas contradictoire, être ouvert vers les autres, beaucoup de ceux qui nous voient passer, ont une petite lueur dans le regard, on génère peut être des vocations et on est pas un peu fier! C'est incroyable le nombre de contacts vers les autres que l'on peut faire chemin faisant alors que nous ne restons jamais au même endroit. Des amitiés se créent avec d'autres marcheurs, et si nous ne marchons pas au même rythme nous sommes heureux de nous retrouver le soir tous ensemble au gîte, comme si nous nous étions pas vu depuis longtemps.
A la mi Juin on arrive à Saint Jean Pied de Port, le point de rencontre des pèlerins du monde entier, dans les refuges on peut être jusqu'à vingt nationalités différentes, des gens de toutes les cultures, de toutes les conditions , le melting pot planétaire! Quel enrichissement, on parle autant avec les mains qu'avec nos balbutiements et nos reliquats de langues étrangères apprises au secondaire et jamais pratiquées depuis. Tous nous allons à Saint Jacques
A partir de ce moment la, doucement de refuge en refuge, de repas pris en commun, de dortoir en dortoir, de kilomètre partagé, de marcheurs nous sommes devenus pèlerins. Notre voyage est devenu extérieur et intérieur.
A Roncevaux l' Espagne s'ouvre devant nous,la frontière est passée libre comme l'air pour les migrateurs que nous étions, pas de poste frontière, pas de polic

Les paysages sont variés, des forets de hêtres, des collines couvertes de vignes aux plaines maraîchères, nous arrivons à la très redoutée traversée de la Meseta, grande étendue aride dépourvue d'arbre que fort heureusement nous traversons sous un ciel couvert. Suivant la tradition nous déposons à la Cruz del Ferro (altitude 1500 m) notre petit cailloux, bien logé dans le fond de notre sac à dos depuis notre départ. Un conseil pas trop gros le cailloux même si il doit être proportionnel au poids de nos péchés....
C'est ainsi qu' après un mois de marche nous touchons presque au but, nous rentrons en Galice par des chemins étroits appelés "corredoiras", ces derniers jours dans les forets d'eucalyptus sous le soleil d' Octobre un vrai régal, nous savourons chaque moment et le soir au refuge avec les amis du Chemin il n'est question que de notre prochaine arrivée à Compostelle, après tous ces jours passés, savoir que nous touchons au but semble irréel.
Le 19 Octobre à 9h30 du matin, nous sommes tous ensemble avec nos amis sur le parvis de la cathédrale de St Jacques de Compostelle, nous regardons étonnés les touristes qui arrivent en bus. Une photo tous ensemble devant la cathédrale, c'est notre dernier jour, on arrive pas à le croire. On part chercher notre Compostolla qui atteste de notre périple, midi c'est l'heure de la messe du pèlerin, nous y allons le sac à dos sur l'épaule. Henry IV a dit "Paris pour une messe" nous nous pensons "tous ce chemin pour une messe!!!", q
uand nous quittons la cathédrale nous ne sommes plus des pèlerins, nous sommes devenus des touristes. Le repas en commun dans un restaurant de Santiago le soir, à le goût des adieux, non plutôt des "au revoir", le virus est pris et nous savons que nous repartirons sur d'autres chemins, avec pour toute fortune que ce que nous pourrons emporter dans notre sac à dos.

Ne rêver pas de le faire, faites le !
Jean Michel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire